Bob Marley : biographie et discographie de l'artiste

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Biographie

Bob Marley, de son vrai nom Robert Nesta Marley, est né le 6 février 1945 à Nine Mile, Saint Ann, en Jamaïque. Il est décédé le 11 mai 1981 à Miami, en Floride, aux États-Unis.

Il était à la fois chanteur et guitariste, célèbre pour ses talents dans les genres musicaux tels que le cantique, la soul, le ska, le rock steady et le reggae.

Actif dans l’industrie musicale depuis 1959 jusqu’à sa disparition, Bob Marley est incontestablement l’une des premières et peut-être la dernière superstar à émerger d’un pays défavorisé.

Les débuts de Bob Marley

Sa musique, le reggae jamaïcain, est un descendant proche du rhythm & blues et de la soul américaine. Elle deviendra la voix de tous les opprimés à travers le monde.

En tant qu’auteur-compositeur et chanteur prolifique, sa carrière internationale a été intense. Cependant, elle a duré moins de huit années. Au-delà de ses créations musicales, sa dimension sociale et spirituelle lui a valu d’être considéré comme un exemple.

L’enfance de Bob Marley

Malheureusement, à l’âge de trente-six ans, Bob Marley a perdu la vie suite à un cancer, plus précisément un mélanome. Il était alors au sommet de sa gloire. Cependant, son héritage et son mythe continuent de prospérer, s’amplifiant au fil des années bien au-delà de toute mesure.

Les défis familiaux

Nesta Robert Marley est né et a grandi dans un petit village des collines, situé à une heure de route de la côte nord de la Jamaïque. Sa mère, Cedella Malcolm, s’est retrouvée impliquée avec le capitaine Norval Marley, un homme de plus de cinquante ans qui supervisait des travaux à cheval dans la campagne.

Après une période de résistance, leur relation a abouti au mariage, conformément aux préceptes de l’église, malgré l’opposition de la famille de Norval, des planteurs jamaïcains d’origine britannique. Cependant, le mariage n’a pas duré, et Norval est parti pour réapparaître cinq ans plus tard.

C’est à ce moment que Cedella était enceinte de leur fils, qu’elle a nommé Nestor Robert. Norval a accepté le mariage contre l’avis de sa famille, mais il a été déshérité en conséquence. Après un certain temps, il a disparu de nouveau, laissant son fils sans père.

Nesta a été retrouvé miraculeusement plusieurs mois plus tard, élevé par une vieille dame dans un quartier très pauvre. Cedella n’a revu Norval qu’une seule fois, un homme faible mais gentil, submergé par la culpabilité.

À ce moment-là, il a tout donné à son fils : deux pièces de cuivre d’un penny. Norval est décédé quelques années plus tard, brisé et malade. De retour à la maison, traumatisé par ces événements, Nesta a abandonné sa capacité à prédire l’avenir. C’est à ce moment qu’il a déclaré son intention de devenir chanteur.

Les débuts musicaux de Bob Marley à Kingston

Il a continué à aller à l’école et à participer aux travaux agricoles. Son grand-père Omeriah, qui l’a élevé, jouait du violon et de l’accordéon. Son oncle, musicien semi-professionnel, jouait de la guitare et du banjo dans des groupes de bal populaire.

À l’âge de cinq ans, Nesta a chanté sa première chanson, « Don’t Touch Me Tomato, » en frappant deux bouts de bois pour rythmer la musique.

Cette chanson s’avère être une adaptation du morceau français « Touche pas mes tomates » de Joe Bouillon, co-écrit avec Lemarchand, le quatrième mari de Joséphine Baker, et interprété en France avant la guerre.

Les premiers pas prometteurs de Bob Marley dans la musique

Nesta a toujours eu une passion pour le chant. Il l’a exprimé en participant au gospel à l’église baptiste le dimanche, comme la plupart des Jamaïcains de l’époque.

En 1957, après avoir travaillé comme vendeuse de fruits en bord de route, sa mère a déménagé à Kingston. Elle est devenue femme de ménage.

Ils se sont installés dans le ghetto difficile de Trench Town, où Nesta a grandi avec Thadeus « Thaddy » Livingston, le père de Neville « Bunny » Livingston, avec qui il a formé un duo de chant.

Ils ont commencé à expérimenter avec des cantiques et des chants d’église, y compris « This Train. » Bunny, toujours inventif, a fabriqué leur première guitare avec des fils électriques et une boîte de sardines comme caisse de résonance, ainsi qu’un morceau de bambou pour le manche.

Leurs voix d’adolescents ont donné naissance aux premières mélodies des futurs Wailers. Par la suite, en 1959, Bob remporte un concours de chant public au Queens Theatre. Il gagne ainsi une livre sterling.

Un tournant dans la vie de Bob

En 1962, un moment décisif se produit dans la vie de Bob Marley. Alors qu’il est en apprentissage pour devenir soudeur, un accident de travail le met au bord de la perte d’un œil.

À cette époque, Derrick Morgan, qui travaille également comme soudeur dans le même atelier que Bob, vient de subir une expérience similaire.

Profitant de son bref congé de convalescence, Derrick a saisi l’opportunité de se lancer dans l’industrie musicale. Il a alors enregistré son tout premier disque. Il conseille à Nesta (Bob Marley) de faire de même.

L’émergence du Ska

Le ska, né en 1960, est un genre musical issu du rythme « shuffle, » influencé par le rhythm & blues et le jazz. Ce style musical devient le symbole de l’indépendance jamaïcaine obtenue en 1962. C’est à ce moment-là que le jeune Marley se consacre pleinement à la musique.

Tout comme Derrick Morgan, il se rend chez le label Beverley’s et enregistre trois morceaux pour le producteur Leslie Kong en 1962. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de l’adolescent Jimmy Cliff, avec qui il partage l’expérience musicale.

Deux singles de ska sortent chez Beverley’s

Deux singles de ska sortent chez Beverley’s, l’un sous le nom de Robert Marley, intitulé « Judge Not, » suivi de « One Cup of Coffee, » une reprise d’un succès country de Claude Gray, sorti sous le nom de Bobby Martell, un nom imposé par Kong.

Un troisième titre intitulé « Terror, » évoquant le terrorisme meurtrier sévissant dans les quartiers défavorisés, ne verra malheureusement jamais le jour. Cependant, ces trois morceaux marquent déjà les trois thèmes récurrents de son œuvre : la spiritualité, l’amour et la lutte sociale.

Les premiers pas de Bob Marley dans l’industrie musicale internationale

À l’âge de 17 ans, Bob Marley voit ses deux singles de ska sortir également en Angleterre sur le label Island Records. Une jeune marque spécialisée dans le ska, appartenant au Jamaïcain blanc Chris Blackwell. Cet événement marque le début de son parcours dans l’industrie musicale internationale et sa collaboration avec Island Records.

L’évolution des Wailers avec l’arrivée de Peter Tosh

À cette époque, Nesta (Bob Marley) et Bunny sont déjà rejoints par Winston Hubert « Peter Tosh » Mc Intosh, un musicien possédant une véritable guitare, qui leur enseigne les rudiments de cet instrument.

Rejoins par Junior Braithwaite (4 avril 1949 – 2 juin 1999), le groupe forme un quatuor d’harmonies vocales qui s’inspire du style du groupe soul « The Impressions » de Curtis Mayfield, qu’ils essaient d’imiter.

Dans ce quatuor, Junior et Bunny s’occupent généralement des parties aiguës, Peter des graves, et Bob interprète la voix médium. Joe Higgs, un musicien qui a déjà enregistré plusieurs disques, vit également à Trench Town et se charge de les enseigner le chant et les harmonies.

La formation des Wailers

Les Wailers, à ce stade, sont composés de cinq membres, avec l’ajout occasionnel de Beverly Kelso et Cherry Green (qui cesseront d’enregistrer avec le groupe en 1965). Leur répertoire musical commence par des cantiques, des reprises de chansons doo-wop et de soul américaine.

Après une audition chez le label Studio One, sous le nom « The Teenagers, » le producteur « Coxsone » Dodd leur demande de composer leurs propres chansons. Initialement, Coxsone favorise Junior Braithwaite, en raison de sa voix haute perchée, qui devient le chanteur principal du groupe et le reste jusqu’à ce que Bob Marley s’impose en tant que leader.

Finalement, Junior quitte le groupe pour s’installer aux États-Unis à la fin août 1964. Il interprète les chansons « Habits, » « Straight and Narrow Way, » « Don’t Ever Leave Me, » et « It Hurts To Be Alone. »

Les débuts du succès des Wailers

Les Wailers travaillent assidûment, et leur premier single de ska énergique, « Simmer Down, » chanté par Bob à la fin de 1963 ou au début de 1964, apparaît dans les listes de succès de la presse en avril 1964. C’est leur premier grand succès en Jamaïque.

Cependant, malgré leurs nombreuses réussites et la sortie d’un premier album intitulé « The Wailin’ Wailers » (Studio One 1965), une compilation de leurs singles, ils ne touchent jamais plus de trois livres sterling par semaine.

L’émergence des Wailers au sein du Ska

Accompagnés par les célèbres Skatalites, les Wailers enregistrent entre 1963 et 1965 une centaine de morceaux remarquables. Parmi ces morceaux figurent les compositions de Bob Marley telles que « Cry To Me, » « One Love, » et « Love And Affection, » ainsi que des adaptations de chansons comme le « And I Love Her » des Beatles, le « Like a Rolling Stone » de Bob Dylan (sous le nom « Rolling Stone »), et le « Do You Love Me » des Contours (sous le nom « Playboy »).

Ils enregistrent également plusieurs autres reprises de soul et de nombreuses chansons de ska. Des morceaux tels que « Cry To Me, » « Put It On, » « I’ll Keep On Moving, » et « One Love » seront réenregistrés par la suite et deviendront parmi les titres les plus populaires de Bob Marley.

La séparation de Bob Marley avec Studio One

Bob enregistre également quelques cantiques pour Studio One, tels que « Let the Lord Be Seen in You, » sous le nom de « Bob Marley & the Spiritual Sisters. » Peter Tosh enregistre treize morceaux en tant que chanteur principal des Wailers chez Studio One, dont « The Toughest, » « Maga Dog, » et le « Don’t Look Back » des Temptations.

Quant à Bunny, bien qu’il soit moins prolifique, il grave néanmoins des merveilles telles que le ska « Dreamland, » une reprise du « Dream Island » des El Tempos (Vee Jay), et sa sublime ballade doo-wop « I Need You So. »

Ces morceaux sont disponibles sur différentes compilations vinyles publiées par Studio One. Ils se trouvent également sur des compilations posthumes en CD, telles que « Simmer Down at Studio One » (1991), « One Love at Studio One » (1991), « Rare Ska Sides From Studio One » (1999), « Destiny » (Heartbeat 1999), « Climb The Ladder » (Heartbeat 2000), et « Wailers and Friends » (Heartbeat 1999), qui contient des morceaux où les Wailers interviennent comme choristes pour d’autres grands artistes, comme Delroy Wilson, Bob Andy, Rita Marley & the Soulettes, Ken Boothe, Lord Brynner, Jackie Opel, Joanne Dennis et Lee « Scratch » Perry.

Tous ces albums mélangent les titres interprétés par Peter Tosh, Bunny, Bob et Junior : les Wailers.

La vie personnelle de Bob Marley

Le 10 février 1966, Nesta se marie avec Alpharita Consticia « Rita » Anderson, une membre du trio « The Soulettes, » un groupe encadré par Bob chez Studio One.

Rita Marley, qui a adopté Sharon Pendergast Marley, née le 23 novembre 1965 et fille de sa cousine, est une chanteuse de ska, tout comme Bob. Rita est enceinte à ce moment-là, et ils ont besoin d’argent. Nesta quitte donc l’île pour rejoindre sa mère aux États-Unis, à Wilmington, Delaware, où elle s’est remariée avec un Jamaïcain, M. Booker.

Lorsqu’un fonctionnaire délivre son passeport, il n’aime pas son premier prénom, Nesta, et inscrit le deuxième, Robert, en tête, car il est considéré comme plus sérieux. Le diminutif de Robert, Bob, est déjà devenu le surnom de Marley à cette époque.

Après son départ début 1966, il n’enregistrera plus jamais pour Coxsone Dodd chez Studio One. Pendant son voyage en Amérique, Bob est temporairement remplacé par Constantine « Dream » Walker, un des trois membres des Soulettes, qui enregistre quelques morceaux avec les deux autres Wailers, Bunny et Peter

La visite de l’empereur d’Éthiopie en Jamaïque

Du 21 au 23 avril, l’empereur d’Éthiopie, Haïlé Sélassié Ier, est en visite officielle en Jamaïque. Cette visite a un impact significatif sur la population et joue un rôle majeur dans le développement du mouvement rastafari dans l’île.

À l’époque, Bob Marley travaille comme membre de l’équipe de nettoyage à l’hôtel Dupont aux États-Unis. Sa femme est présente à l’arrivée de l’empereur, qu’elle considère comme une réincarnation de Jésus.

À son retour en Jamaïque à l’automne 1966, Bob se déclare rasta et utilise ses économies américaines pour créer sa propre maison de disques, Wail’n’Soul’m. Rita Marley, qui a quitté Studio One, collabore également à ce nouveau projet, et le nom Wail’n’Soul’m est un raccourci de « Wailers and Soulettes music. »

Les disques sont désormais le plus souvent publiés sous le nom « Bob Marley & the Wailers, » et occasionnellement « Peter Tosh & the Wailers. »

La transition vers le Rocksteady

À cette époque, le ska perd de sa popularité au profit du rocksteady, un style musical plus lent et davantage axé sur les voix soul que sur les cuivres jazzy.

Les deux premiers titres enregistrés en autoproduction par Bob Marley & the Wailers (écrits par Bob lors de son séjour aux États-Unis) sont « Bend Down Low » et « Freedom Time, » leur premier single pour le nouveau label. « Freedom Time » célèbre à la fois leur départ de chez Studio One et la fin de l’esclavage.

Ils enregistrent de nombreux autres singles avec d’excellents musiciens, tels que Winston Wright au piano et à l’orgue, Gladstone « Gladdy » Anderson au piano, les guitaristes Hux Brown, Lynn Taitt et Ranford « Rannie Bop » Williams, le bassiste Jackie « Sledge » Jackson, le batteur Hugh Malcolm, ainsi que les percussionnistes Alvin « Seeco » Patterson et Constantine « Dream » Walker (sans oublier les cuivres et les bois issus des ex-Skatalites).

Les ingrédients du succès sont déjà présents, et la qualité de leur travail rivalise avec celle des autres groupes vocaux de renom de l’époque, tels que les Techniques, les Heptones ou les Paragons. Cependant, sans le soutien des soirées dansantes des sound systems influents comme ceux de Coxsone Dodd, ils peinent à trouver preneur. Bob, Rita, Peter et Bunny ouvrent alors une minuscule boutique et y vendent leurs 45 tours de rocksteady, le nouveau style musical.

Bob distribue lui-même ces disques en utilisant son vélo, mais malgré une apparition à la télévision dans l’émission de Neville Willoughby, qui diffuse également « Nice Time » à la radio, les indépendants rencontrent peu de succès.

L’évolution du répertoire de Bob Marley & the Wailers

Avec des titres tels que « Bend Down Low, » « Don’t Rock my Boat » (alias « Satisfy my Soul »), et « Stir It Up, » (qui seront réenregistrés plus tard au cours de la carrière internationale de Bob), les paroles à double sens et les thèmes suggestifs deviennent de plus en plus présents dans leurs chansons.

D’autres succès incluent « Pound Get a Blow, » « Hypocrites, » « Fire Fire » (qui deviendra un tube britannique en 1987 sous le nom « Fire Burning » par Simply Red), « I’m Hurting Inside, » et « Mellow Mood » (très repris par d’autres artistes).

Rita enregistre également sa propre version de « Play Play Play, » dérivée de « Turn Turn Turn » de Pete Seeger, une chanson américaine interprétée par les Byrds, qu’elle avait déjà enregistrée en version ska chez Studio One.

Après l’adoption de Sharon quelques mois plus tôt, leur première fille, Cedella, naît le 23 août 1967. Lorsque Bob Marley annonce sa conversion au rastafarisme à sa mère, qui est très chrétienne, elle est choquée, tout comme le serait la plupart des Jamaïcains, qui considèrent les rastas comme blasphématoires. Toutefois, elle finira par accepter cette voie.

La totalité des précieux enregistrements du label Wail’n Soul’m, qui étaient longtemps introuvables, sont maintenant disponibles dans trois albums : « Selassie Is The Chapel » (JAD 1997), qui inaugure la série « The Complete Bob Marley & the Wailers 1967-1972, » « Freedom Time » (JAD 2002), et le coffret « Songs of Freedom, » publié par Tuff Gong/Island en 1992.

Bob Marley collabore avec Johnny Nash

En janvier 1968, Bob, Rita, et Peter Tosh rencontrent le chanteur américain Johnny Nash, déjà une star de la télévision, ainsi que son manager Danny Sims, qui cherchent à enregistrer du rocksteady pour lancer ce style aux États-Unis.

Le premier contact avec Bob Marley a lieu lors d’une cérémonie rasta. Les Wailers commencent rapidement à enregistrer des maquettes de chansons pour eux. Sims les signe sous contrat exclusif d’agent, d’éditions musicales et de production de disques.

Johnny Nash enregistre une série de succès en rocksteady

Alors que Johnny Nash enregistre une série de succès en rocksteady en Jamaïque, certains écrits par Bob Marley, les trois Wailers profitent de sa présence pour enregistrer des morceaux très soul/rock steady sous le nom de « Bob, Peter, and Rita. »

Ces chansons incluent « Rock to the Rock, » « How Many Times, » « Nice Time, » ainsi que des ballades doo-wop comme « Chances Are » et « Love » (interprétées par Peter Tosh et Rita), ainsi que « Rhapsody » (chantée par Rita et Peter).

Les sessions sont accompagnées par les Gladdy’s All Stars, composés de musiciens tels que Hugh Malcolm à la batterie, Jackie Jackson à la basse, Gladstone « Gladdy » Anderson et Winston Wright à l’orgue, Hux Brown à la guitare, et Denzel Laing aux percussions.

Le trompettiste sud-africain Hugh Masekela ajoute des parties de trompette à New York. Par la suite, d’autres cuivres, instruments à vent et cordes seront ajoutés aux enregistrements aux États-Unis. Lors d’une session ultérieure à Kingston sous la direction de l’arrangeur de Nash, Arthur Jenkins, les Wailers enregistrent la version originale de « Soul Rebel, » « How Many Times, » et « What Goes Around Comes Around » (cette dernière écrite par des Américains, dont Jimmy Norman).

Les premiers véritables enregistrements de reggae de Bob Marley & the Wailers datent de 1968. Cependant, seules de nouvelles versions de « Bend Down Low » et « Mellow Mood » sortent sur un 45 tours JAD, distribué en France par CBS. Les autres enregistrements des Wailers à cette période ne rencontrent pas de succès et restent largement méconnus jusqu’à leur réédition en 1997 et 2002.

Enregistrements de Wail’n’Soul’m

Le label Wail’n’Soul’m des Wailers publie également des chansons, notamment le slow « Chances Are, » « Rocking Steady, » et « Hypocrites. »

Parmi les morceaux sortis sur ce label, l’adaptation de « Crying in the Chapel, » une chanson doo-wop lente chantée par Sonny Til & the Orioles en 1953 et reprise par Elvis Presley en 1965, est devenue « Selassie Is the Chapel, » avec des paroles signées par Mortimer Planno, un guide spirituel rastafarien.

Il a contribué à écrire les paroles de l’un des premiers manifestes rastas de Bob Marley. La chanson « Don’t Rock my Boat » est également sortie sur Wail’n’Soul’m et est devenue un succès mondial sous le nom de « Satisfy my Soul » en 1978 (à ne pas confondre avec « Satisfy my Soul Jah Jah » et « Satisfy My Soul Babe, » qui sont des chansons différentes).

Malgré la qualité de ces enregistrements, les Wailers ne rencontrent toujours pas de succès à cette époque. Des chansons telles que « The Letter, » une reprise des Box Tops chantée en reggae par Peter et Rita (sous le titre « Give Me a Ticket »), « Sugar Sugar, » qui est une adaptation du générique télé américain des Archies, ou « Black Progress, » une adaptation du manifeste de négritude « Say It Loud (I’m Black and I’m Proud) » de James Brown, n’ont pas rapporté de revenus significatifs, bien que leur qualité musicale soit indéniable.

La plupart de ces morceaux sont disponibles sur les albums JAD « Selassie Is the Chapel » et « Best of the Wailers » dans la série « The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972. »

Tuff Gong

Peu de temps après la naissance de son fils David « Ziggy » Marley en octobre 1968, Bob Marley part en Amérique. C’est à cette période que Ziggy Marley réalise, avec ses frères et sœurs, le rêve inachevé de son père en obtenant un grand succès aux États-Unis avec la chanson « Tumblin’ Down » en 1986.

Retour en Jamaïque et fondation de Tuff Gong Records

En 1969, après son retour en Jamaïque, Bob Marley coupe ses nattes de rasta pour se présenter à un poste de docker, mais il n’obtient pas le travail. Il trouve finalement un emploi de nuit à l’usine Chrysler de Wilmington, où il travaille comme manutentionnaire.

Début de collaboration avec Aston « Family Man » Barrett

À son retour en Jamaïque, avec l’argent économisé, les Wailers fondent leur propre maison de disques, Tuff Gong Records.

Ils enregistrent pour la première fois avec Aston « Family Man » Barrett et son frère Carlton lors d’une session qui donne naissance à « Black Progress, » une adaptation d’une chanson de James Brown, ainsi que « Hold on to this Feeling » de Junior Walker, interprétée en duo par Bob et Rita.

Les frères Barrett commencent à travailler régulièrement avec Bob Marley à partir de ce moment.

Les Premiers Dubs de Bob Marley

En face B de « Black Progress, » on peut entendre les premiers dubs de Bob Marley publiés, intitulés « Black Progress (version) » et « Hold on to this Feeling (version). »

Ces versions dub sont mixées par Errol « E.T. Thompson, » qui, à l’exception de la période Lee « Scratch » Perry, sera le principal responsable de la réalisation des dubs originaux de Bob Marley & the Wailers sortis en Jamaïque.

Beverley’s

En 1970, les Wailers enregistrent l’album « Best of the Wailers » pour le producteur Leslie Kong chez Beverley’s.

Lors de ces sessions chez Beverley’s, l’équipe comprend toujours Jackie Jackson à la basse, mais Hugh Malcolm a été remplacé par Michael « Mikey Boo » Richards à la batterie, et Gladstone Anderson joue du piano en plus de l’orgue joué par Winston Wright.

Contenu de l’Album « Best of the Wailers »

Cet album contient des morceaux excellents tels que « Soul Shake Down Party, » « Stop The Train, » « Back Out, » et « Cheer Up. » Toutefois, sa publication ne se fait qu’à l’été 1971 après la sortie de quelques singles.

En raison de l’absence de plaignants (Leslie Kong décèdera le 9 août 1971), des centaines de versions pirates de ces enregistrements Beverley’s seront publiées dans le monde entier, bien que leur qualité sonore soit médiocre.

Il faudra attendre la réédition augmentée d’inédits produits par les Wailers, dont des chansons comme la reprise de « Sugar Sugar » des Archies et « Gotta Hold on to This Feeling » de Junior Walker & the All Stars (un succès américain chez Motown), dans la série « The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972 » en 1997.

Création des Disques Tuff Gong

En 1970, les membres des Wailers fondent leur propre maison de disques, Tuff Gong Records. Cette initiative est entreprise par Peter, Bob, et Bunny en début d’année.

Le surnom de « Gong Dur » est attribué à Bob Marley, et il fait référence au surnom du fondateur du mouvement Rastafari, Leonard Howell, surnommé « Ganguru Maragh, » mais généralement appelé « Gong, » dans sa communauté philosophique. Howell vivait au sein d’une communauté où de nombreux Indiens résidaient dans les années 1930, 1940 et 1950.

Bob Marley Collabore avec Lee « Scratch » Perry

En désespoir de cause après des auditions infructueuses début 1970, Bob Marley contacte le producteur et réalisateur Lee « Scratch » Perry, un vétéran de Studio One avec qui les Wailers avaient déjà enregistré par le passé.

Lee Perry jouit d’une notoriété à l’étranger grâce à sa propre marque, Upsetter, distribuée par la société de disques britannique Trojan, appartenant au Jamaïcain Chris Blackwell, également propriétaire du label Island.

Enregistrements de chefs-d’œuvre

Pendant les années 1970 et 1971, les trois membres des Wailers travaillent intensément avec Lee Perry pour enregistrer des chefs-d’œuvre impérissables, dont certains sont co-signés par Perry.

Ils sont accompagnés par la remarquable rythmique des Upsetters, composée des jeunes frères Aston « Family Man » Barrett et Carlton « Carly » Barrett, ainsi que d’autres membres du groupe, dont Alva « Reggie » Lewis, Ranford « Rannie Bop » Williams à la guitare, Glen Adams à l’orgue, et Gladstone Anderson au piano.

Les cuivres sont assurés par Headley « Deadly Headley » Bennett et Tommy McCook, tandis que Uziah « Sticky » Thompson s’occupe des percussions. Ensemble, ils créent les arrangements de compositions somptueuses, telles que « Kaya, » « Sun Is Shining, » « Soul Rebel, » « Love Light, » « Duppy Conqueror, » « All In One » (Part I & II), « Man to Man, » « Small Axe, » « Put It On, » et bien d’autres.

Ces sessions incluent également des reprises, comme « Keep on Moving » de Curtis Mayfield, « Dreamland » des El Tempos, et « African Herbman » de Richie Havens, toutes transformées en reggae par les frères Barrett, Lee Perry et les Wailers.

Singles et Albums avec Lee Perry

Lee Perry publie de nombreux singles en Jamaïque, y compris des versions dub de tous ces titres, mixées par ses soins. King Tubby est responsable du mixage de quelques dubs, tels que « Keep on Moving, » pour l’album des Upsetters « Blackboard Jungle Dub. »

Deux albums 33 tours, « Soul Rebels » et « African Herbsman, » sortent en Angleterre chez Trojan en 1973-74, mais Peter, Bob, et Bunny reçoivent une rétribution minime pour leur travail, ce qui les déçoit profondément.

Renaissance du Succès en Jamaïque

Avec la même équipe en 1971, les Wailers sortent leur single « Trench Town Rock » en Jamaïque chez Tuff Gong, leur propre maison de disques. C’est leur premier gros succès depuis 1966. Cette chanson est suivie par d’autres morceaux auto-produits qui attirent l’attention, avec Bob et Peter jouant souvent eux-mêmes de la guitare.

Parmi ces titres, on trouve « Guava Jelly, » « Lively Up Yourself, » « Screw Face, » « Satisfy my Soul Babe, » « Satisfy my Soul Jah Jah, » « Lick Samba, » « Craven Choke Puppy, » et d’autres. L’intégralité des enregistrements de cette époque avec Lee « Scratch » Perry, y compris les versions dub, est finalement restaurée et rendue disponible sur différents CD, notamment « Soul Rebels, » « Soul Revolution Part II, » « More Axe, » « Keep on Skanking, » et « Soul Adventurer, » ainsi que dans le coffret long format « Rebel. » De plus, des versions DJ de « Sun Is Shining » et « Don’t Rock my Boat, » interprétées par Johnny Lover, ainsi que « Trench Town Rock » par U Roy (sous le titre « Groovin’ Kingston 12 »), sont publiées par JAD en 2002 sur l’album « Soul Adventurer. »

Bob part en Suède vers mai 1971

Environ en mai 1971, Bob Marley part pour la Suède où il est engagé par Danny Sims pour composer des chansons avec Johnny Nash et son claviériste texan, John « Rabbit » Bundrick. Cependant, il ne sera jamais rémunéré pour son travail.

Durant son séjour en Suède, il écrit de futurs classiques de la musique reggae. Il enregistre des versions acoustiques de ces chansons à la guitare sèche. En outre, Bob Marley joue un rôle dans la bande originale du film dans lequel Johnny Nash joue, intitulé « Love Is Not A Game. »

L’album de la bande originale comprend des instrumentaux avec des arrangements de cordes de Fred Jordan. Malheureusement, le film reste à l’affiche pour une courte période.

En janvier 1972, Bob quitte la Suède pour se rendre à Londres afin de rejoindre Johnny Nash, qui enregistre son album à succès « I Can See Clearly Now » pour Columbia. Cet album comporte quatre compositions de Bob Marley.

Contrat avec Columbia et enregistrements à Londres

Au cours de son séjour à Londres, Bob Marley signe un contrat avec Columbia Records. Il enregistre avec des musiciens noirs basés à Londres, dont Anthony « Rebop » Kwaku Baah, futur membre de Traffic, les cuivres des Sons of the Jungle, Peter Dupri à la basse, Winston Delandro à la guitare, Martin Ford au synthétiseur, et le batteur Richard Bailey.

Avec eux, il enregistre le single « Reggae on Broadway » et cinq autres morceaux qui seront publiés en partie sur l’album posthume de CBS, « Chances Are, » en 1981. Les versions originales de ces enregistrements ne seront disponibles qu’en 1998, sur « Satisfy My Soul Jah Jah, » dans la série « The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972. »

Retour à Kingston pour une tournée anglaise

Au printemps 1972, Bob Marley quitte l’Europe pour chercher son groupe à Kingston, Jamaïque.

Il avait prévu une tournée promotionnelle en Angleterre pour soutenir son single « Reggae on Broadway, » mais le disque ne rencontre pas le succès escompté. Bob Marley, accompagné des frères Barrett, Peter, et Bunny, commence à répéter à Londres.

Cependant, les ventes médiocres du disque et une série de concerts, dont une première partie de Johnny Nash, les obligent à retourner dans les Caraïbes après un séjour de quatre mois.

Poursuite de la collaboration avec Lee « Scratch » Perry

Pendant cette période, Bob Marley continue d’enregistrer de la musique en collaboration avec Lee « Scratch » Perry. Certains de ces titres sont inclus dans l’album « Soul Adventurer » (JAD 2002).

Le producteur Danny Sims publie également plusieurs albums de Bob Marley reprenant ses enregistrements de l’époque, notamment « Soul Almighty » (JAD 1996) et « Black Progress » (JAD 1998).

Le 20 avril 1972, Rita Marley donne naissance à Stephen, le deuxième fils de Bob. Stephen deviendra également chanteur sous le nom de Ziggy Marley & the Melody Makers.

En mai 1972, Janet, la maîtresse de Bob, donne naissance à Rohan, qui deviendra un champion de football américain. Il sera adopté par Cedella, la mère de Bob. Janet donnera également naissance à une fille, Karen. Bob Marley retourne aux Caraïbes après cette série d’événements familiaux.

Rencontre avec Chris Blackwell et « Catch a Fire »

En octobre 1972, Bob Marley rencontre Chris Blackwell à Londres. Blackwell était à la recherche d’un nouvel artiste pour remplacer Jimmy Cliff, dont le contrat avec Island Records n’a pas été renouvelé.

Le film jamaïcain « The Harder They Come, » dans lequel Jimmy Cliff tient le rôle principal, contribue énormément à populariser la musique reggae. Blackwell, ne voulant pas passer à côté de l’engouement naissant pour la musique de son pays, se tourne vers Bob Marley & the Wailers. Il leur confie de quoi enregistrer un album pour Island, qui deviendra « Catch a Fire. »

Enregistrement de « Catch a Fire »

L’album « Catch a Fire » est enregistré en Jamaïque chez Harry J Studios, avec la participation de la section rythmique légendaire d’Aston « Family Man » Barrett et son frère Carlton Barrett. Robbie Shakespeare contribue à la basse sur deux titres.

Pendant la réalisation de l’album, Bob Marley est soutenu par Peter Tosh, qui joue de la guitare, notamment avec une pédale wah-wah. Le groupe retourne ensuite à Londres, où ils travaillent avec Chris Blackwell pour retravailler les bandes originales de l’album. Le 4 novembre 1972, certaines pistes de l’album sont modifiées, rallongées et mixées sous la direction de Blackwell.

De plus, des instruments tels que le clavinet, le synthétiseur Moog et le piano électrique de John « Rabbit » Bundrick, les tablas de Chris Karen, et les solos de guitare de Wayne Perkins, un musicien professionnel américain des studios Muscle Shoals, sont ajoutés.

Le résultat est un album qui marque le début du succès international pour Bob Marley & the Wailers. Chris Blackwell rebaptise le groupe simplement « The Wailers » (ils sortaient leurs disques sous le nom de « Bob Marley & the Wailers » depuis 1966), et ils signent un contrat d’enregistrement international avec Island Records.

Tournée et départs de Bunny Livingston et Peter Tosh

Une deuxième tournée anglaise a lieu en avril 1973, pour promouvoir l’album « Catch a Fire. » Cependant, Bunny Livingston quitte le groupe en plein milieu de la tournée, en grande partie en raison des pressions psychologiques, financières et du style de vie occidental.

Il décide de poursuivre une carrière solo sous le nom de Bunny Wailer, et connaîtra un certain succès, notamment avec l’album « Blackheart Man, » sur lequel Bob Marley et d’autres membres des Wailers ont contribué. Avec le jeune prodige de l’orgue Earl Wilber Force « Wire » Lindo, le groupe réalise l’album « Burnin’, » qui est également publié sous le nom « The Wailers. » Bien qu’il reçoive des critiques positives, l’album passe relativement inaperçu.

« Get Up, Stand Up » et départ de Peter Tosh

« Burnin' » contient cependant des titres devenus classiques, dont « Get Up, Stand Up, » « Small Axe, » et « I Shot the Sheriff. » Après ces enregistrements, Peter Tosh quitte à son tour les Wailers.

Il est déçu par l’attitude d’Island Records, qui met en avant Bob Marley, le principal compositeur du groupe, tandis que Peter Tosh estime qu’il est trop en retrait. Malgré cette séparation, Peter Tosh connaîtra une carrière solo prolifique, marquée par des chansons telles que « Legalize It, » « Equal Rights, » et « Bush Doctor. »

Stratégie pour les droits d’auteur

Bob Marley, en tant que chanteur, compositeur et guitariste, réalise lui-même ses disques pour le producteur Chris Blackwell, qui agit en tant que directeur artistique mais n’intervient pas directement dans les studios.

En 1974, Eric Clapton obtient un grand succès en Amérique avec la chanson « I Shot the Sheriff » de Bob Marley. Cependant, Bob réalise que son contrat d’édition signé en 1968 avec Danny Sims lui retire une grande partie de ses droits d’auteur. Pour empêcher que Danny Sims, en tant qu’éditeur de ses compositions, ne touche la part de droits qui lui revient, Bob Marley cesse de signer les morceaux de sa propre main.

Certains titres sont attribués à Vincent « Tata » Ford, qui a contribué aux paroles de manière limitée. D’autres sont crédités à un mystérieux « R. Marley » (Rita ou Robert ?), ou à ses amis, notamment Carlton Barrett, le batteur, et Alan « Skill » Cole, un ami footballeur.

Cette stratégie finira par réussir et empêchera Danny Sims d’obtenir une part significative des droits d’auteur. Danny Sims prend conscience de la fraude après la publication du livre « Bob Marley » de Stephen Davis dans les années 1980. Toutefois, sa découverte est intervenue quelques mois seulement après la fin du délai légal pour déposer une plainte en justice, entraînant ainsi la perte d’un montant considérable de droits d’auteur.

La nouvelle formation des Wailers en 1974

En 1974, le groupe se réorganise autour de Bob Marley avec une nouvelle formation comprenant Aston « Family Man » Barrett à la basse, Carlton « Carly » Barrett à la batterie, l’Américain Al Anderson à la guitare, Alvin « Seeco » Patterson aux percussions, et le trio de chanteuses I Three composé de Rita Marley, Judy Mowatt, et Marcia Griffiths.

Ces musiciens sont parmi les meilleurs de l’île. L’ajout de l’I Three apporte une dimension de chœurs féminins inédite dans le reggae. Les trois chanteuses ont déjà eu des carrières solides en solo, avec plusieurs succès à leur actif. Marcia Griffiths, en particulier, est une véritable vedette en Jamaïque et avait déjà enregistré un duo avec Bob en 1965 pour Studio One.

Cette équipe restera le groupe de scène de Marley jusqu’à la fin. Bernard « Touter » Harvey, à l’orgue, est également engagé pour compléter la formation. Avec cette nouvelle formation, Bob Marley & the Wailers entament leur carrière solo en 1974 avec l’album mémorable « Natty Dread. »

L’album « Natty Dread »

L’album « Natty Dread » de 1974 est marqué par le célèbre morceau « No Woman, No Cry, » dans lequel Bob Marley demande à une femme de ne pas pleurer, tout en partageant des souvenirs heureux passés à Trench Town.

La chanson évoque également les « hypocrites » rencontrés et les amis perdus en cours de route, tout en évoquant le « passé » d’esclavage que l’on ne peut oublier en se dirigeant vers un « futur magnifique. » L’album contient d’autres titres majeurs comme « Lively Up Yourself, » « Natty Dread, » « Revolution, » « Rebel Music, » et « Them Belly Full. » Il est souvent considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Bob Marley & the Wailers.

Piratage et tournée anglaise

Pendant cette période, différents enregistrements inédits sortent sur divers labels, la plupart du temps de manière illégale. Avant la publication de la série exhaustive « The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972, » des centaines de disques pirates, caractérisés par une qualité médiocre tant sur le plan sonore que visuel, saturent le marché.

Ils mélangent des morceaux de différentes époques, semant la confusion et dévalorisant le travail de la formation originale des Wailers. En 1975, Bob Marley & the Wailers réalisent une tournée en Angleterre. Le concert donné au Lyceum de Londres est fortement apprécié par les critiques et donne lieu à l’album « Live! »

C’est une révélation qui propulse Bob Marley sous les feux des projecteurs en Angleterre, et cette médiatisation se répandra bientôt dans le reste de l’Europe et dans le monde. C’est également lors de cette tournée que la version live de « No Woman, No Cry » commence à être diffusée à la radio. En quelques mois seulement, contre toute attente, Bob Marley devient une superstar. Son succès est universel et fulgurant. Cependant, il ne lui reste que six ans à vivre.

Les thèmes de ses chansons

Les chansons de Bob Marley abordent généralement trois thèmes majeurs, qui sont également présents dans la tradition jamaïcaine depuis les débuts du ska.

L’amour

Le premier thème concerne l’amour, avec des chansons telles que « Baby, We’ve Got a Date (Rock It Baby), » « Could You Be Loved, » « I’m Hurting Inside, » ou « Waiting In Vain. »

La contestation

Le deuxième thème, à partir de 1974 notamment, est la contestation, où Marley s’oppose à l’autorité et aux oppresseurs qu’il qualifie de « Babylone. » Des morceaux tels que « I Shot the Sheriff, » basé sur « I’ve Got To Keep On Moving » de Curtis Mayfield, illustrent ce thème.

Il y raconte comment il a dû tuer un policier en légitime défense, affirmant que l’accusation selon laquelle il aurait également « tué son assistant (deputy) » est fausse. D’autres chansons, comme « Concrete Jungle, » « Get Up, Stand Up, » « Small Axe, » « Burnin’ and Lootin’, » « Soul Rebel, » et « Rat Race, » incarnent également cette contestation.

Le rastafarisme

Enfin, le troisième thème de ses chansons est la mise en avant des racines africaines spirituelles et historiques de la civilisation, présentant la culture syncrétique d’un mouvement marginal jamaïcain, le Rastafarisme.

Pour les Rastas, Haïlé Sélassié Ier (Jah Rastafari), l’empereur d’Éthiopie descendant direct de la dynastie du roi Salomon selon la liturgie chrétienne orthodoxe éthiopienne, est une divinité et l’incarnation des valeurs chrétiennes originales.

Ce mouvement prône le rapprochement de tous les hommes et reconnaît Sélassié comme une figure sacrée. L’assassinat de Sélassié en 1975 par une junte militaire fait de Marley un défenseur du message que Dieu ne peut mourir, comme l’exprime le morceau « Jah Live. »

Les Rastas se caractérisent souvent par leurs nattes naturelles, et leur consommation de chanvre, utilisée comme prétexte à la répression et passible de fortes peines de prison, constitue une autre problématique abordée dans les chansons de Bob Marley.

Le 26 février 1976, le fils de Bob et Anita Belnavis, Kymani, naît. Anita Belnavis, championne de tennis de table des Caraïbes, devient également la mère de Julian, qui deviendra lui aussi chanteur.

La vie personnelle de Bob Marley

En 1977, Bob Marley emménage avec Cindy Breakespeare, une Jamaïcaine blanche qui avait été élue Miss Monde en 1976. Leur relation attire l’attention des paparazzi anglais. Bob et Cindy auront un fils ensemble.

L’arrivée de Julian « Junior » Marvin et « Exodus »

En 1977, Julian « Junior » Marvin, un guitariste anglo-américain d’origine jamaïcaine, rejoint le groupe. À cette époque, le groupe passe plus d’un an à Londres, pendant la période d’explosion du mouvement punk. Bob Marley & the Wailers enregistrent beaucoup à Londres, aux studios Basing Street. L’album « Exodus, » sorti en 1977, traite du thème du rapatriement des Afro-Américains en Afrique.

Il remporte un immense succès auprès du public et contient des morceaux marquants tels que « Natural Mystic, » « So Much Things to Say, » « Exodus, » « One Love » (un medley avec « People Get Ready » de Curtis Mayfield), ainsi que les tubes internationaux « Jamming » et « Waiting In Vain. » L’album comprend de nombreuses chansons d’amour, ce qui reflète le fait que Bob Marley était alors profondément amoureux de sa compagne Cindy Breakespeare.

La tournée européenne de 1977

Au printemps de 1977, Bob Marley & the Wailers embarquent pour la plus grande tournée reggae de l’histoire, qui les conduit à travers l’Europe. Bob Marley est également un footballeur de niveau professionnel et passe beaucoup de temps à jouer avec son entourage.

Lors d’un match amical entre les Wailers et une équipe de personnalités du monde du spectacle à Paris, un médecin diagnostique une tumeur au pied de Bob et recommande l’amputation de son gros orteil droit. Cependant, l’opération est retardée, et Bob Marley ne subira l’ablation partielle de son orteil que bien plus tard. En conséquence, la fin de la tournée est annulée afin de lui permettre de se rétablir.

La chanson « Punky Reggae Party »

Bob Marley enregistre la chanson « Punky Reggae Party » en 1977, avec des paroles de Lee « Scratch » Perry. La chanson mentionne les groupes de rock punk tels que Jam, The Clash, The Damned, et Doctor Feelgood. Elle reflète l’influence du mouvement punk sur la scène reggae à l’époque.

L’Album « Kaya »

En 1978, l’album « Kaya » est publié. Il est souvent mal reçu par la critique à l’époque car il montre un Bob Marley plus commercial et moins révolutionnaire depuis l’attentat dont il a été victime. Pourtant, l’album contient au moins quatre gros succès : « Easy Skanking, » « Is This Love, » « Satisfy My Soul » (précédemment intitulé « Don’t Rock My Boat »), et le morceau spirituel « Running Away. »

Le One Love Peace Concert

Le 22 avril 1978, Bob Marley organise le « One Love Peace Concert » en Jamaïque. Cet événement est mémorable car il parvient à réunir sur scène les opposants politiques Edward Seaga (dont les partisans avaient tenté d’assassiner Bob) et Michael Manley, deux ennemis jurés. Bob Marley tente de réconcilier les deux factions politiques armées de l’île en les invitant constamment à ses côtés.

Il leur offre des cadeaux, et grâce à son influence, les deux ennemis en viennent à sympathiser. Ce jour est l’un des plus heureux de la vie de Bob Marley. Il fait de nombreux dons d’argent aux nécessiteux. Sa maison est constamment entourée de personnes qui sollicitent son aide financière. Même quand il n’a plus d’argent, il se promène avec ses poches retournées pour montrer qu’il n’a rien à donner.

Décoration de Bob Marley

Bob Marley est décoré de la médaille de la paix des Nations Unies en 1978.

L’album « Babylon by Bus »

Le 26 juin 1978, l’album live « Babylon by Bus » est enregistré en concert au Pavillon de Paris. Lors de cet enregistrement, Bob encourage le soliste Junior Marvin à jouer de manière plus en avant, ce qui confère au disque une sonorité plus rock.

Visite à la communauté éthiopienne à Shashemane

À la fin de l’année 1978, Bob Marley visite enfin la communauté éthiopienne des rastas « revenus au pays » à Shashemane, en Éthiopie. Cette terre avait été offerte par l’empereur Haïlé Sélassié Ier lorsqu’il était encore au pouvoir, mais la communauté s’y était révélée trop réduite pour permettre la construction du studio prévu.

Naissance de Damian Marley

Le 21 juillet 1979, Cindy Breakspeare, la compagne de Bob Marley, donne naissance à leur fils Damian Marley, qui deviendra également chanteur.

Album « Survival » et message politique

Après la sortie de « Survival » en 1979, qui est souvent considéré comme le dernier chef-d’œuvre de Bob Marley, il entame une tournée mondiale. Elle le mène en Nouvelle-Zélande, en Australie et au Japon. « Survival » est un album sophistiqué qui reflète diverses influences. Il contient des classiques comme « So Much Trouble In the World, » « Africa Unite, » « Ambush In the Night » (qui fait référence à la tentative d’assassinat dont il a été victime), et « Zimbabwe, » annonçant l’indépendance prochaine de ce pays.

Appel pour la Légalisation du Chanvre et Message Rastafari

Aux États-Unis, à Boston, Bob Marley donne un concert au stade de Harvard afin de collecter des fonds pour les combattants de la liberté africains. Il prononce un discours en faveur de la légalisation du chanvre, de l’unification de l’humanité et de la reconnaissance de l’identité divine de Haïlé Sélassié

Zimbabwe

En octobre 1972, Bob Marley a rencontré Chris Blackwell à Londres, ouvrant la voie à la création de l’album « Catch a Fire » avec son groupe, les Wailers. Ce fut un tournant dans sa carrière, marqué par des contrats internationaux et une montée en popularité.

En 1974, le groupe se recentre autour de Bob avec une équipe de musiciens de renom, dont le trio vocal féminin I Three. Cette période a vu l’émergence de chansons d’amour touchantes, de compositions contestataires et de la promotion du mouvement Rastafari, avec des titres mémorables tels que « No Woman No Cry, » « I Shot the Sheriff, » et « So Jah Seh. »

Bob Marley joue en Afrique

En 1980, Bob Marley réalise son rêve de jouer en Afrique. Il est invité officiellement au Gabon en janvier, où il découvre que son manager, Don Taylor, l’a escroqué.

Le 17 avril, il joue lors de la cérémonie d’indépendance du Zimbabwe, devenant le dernier pays africain à obtenir l’indépendance. Malheureusement, durant le concert, la barrière cède sous la pression de milliers de spectateurs restés à l’extérieur.

Les invités officiels sont dispersés, les gaz lacrymogènes sont utilisés pour disperser la foule, et le groupe rejoue le lendemain.

Une tournée européenne lance l’album Uprising

Une tournée européenne en été lance l’album « Uprising, » acclamé par la presse. L’album contient de nombreuses chansons marquantes, telles que « Zion Train, » « Pimper’s Paradise, » « Forever Loving Jah, » et « Could You Be Loved, » qui s’annonce comme une possible percée sur le marché américain. Cependant, Bob Marley n’a pas le temps de promouvoir ce titre.

En septembre, il joue au Madison Square Garden de New-York en première partie des Commodores. Néanmoins, le lendemain, lors de son jogging quotidien à Central Park, il s’effondre. On lui annonce que son mélanome s’est propagé aux poumons et au cerveau. Il ne lui reste que quelques semaines à vivre.

Bob garde ce secret afin que sa famille le laisse donner un dernier concert le 23 septembre à Pittsburgh. Il y conclut avec une version émouvante de « Redemption Song, » semblable à un testament musical.

Débordé et sous pression, il ne s’était pas correctement soigné à temps, et c’est ainsi que sa maladie s’est développée. Il se rend alors en Allemagne, où le docteur Issels, un ancien docteur nazi, tente de le maintenir en vie, bien que cela implique de grandes souffrances.

En mai, tout espoir est abandonné, et il rejoint sa mère à Miami, où il décède entouré de ses enfants. Ses derniers mots sont pour son fils Ziggy : « l’argent ne fait pas la vie. »

Time Will Tell

La disparition de Bob Marley choque le monde entier. Sa musique résonne partout. Au Royaume-Uni, « Redemption Song » hante déjà les juke-boxes de tous les pubs. Toutes les radios diffusent sa musique alors que la France acclame François Mitterrand, élu la veille.

En Jamaïque, le parlement suspend ses séances pendant dix jours. L’éloge funèbre des funérailles nationales est prononcé par le premier ministre de droite, Edward Seaga, récemment élu, qu’il détestait.

La cérémonie est organisée par des prêtres orthodoxes éthiopiens, l’antique religion chrétienne de la dynastie salomonique de Haïlé Sélassié. Alan Cole, l’ami de Bob, rappelle au public les convictions rastafariennes de Marley et rejette politiciens et cérémonie chrétienne dans un discours de défiance.

Sur des dizaines de kilomètres, le convoi qui traverse l’île jusqu’à son village natal est entouré par une foule immense. Robert Nesta Marley repose dans un mausolée au sommet de la colline de Nine Mile qui l’a vu naître, avec au doigt l’antique bague de famille que lui offrit le premier fils et héritier de Sélassié, Asfa Wassen, à Londres en 1977. Il ne l’avait jamais quittée depuis (voir la pochette de la compilation Legend).

Naissance de Makeda Jahnesta Marley, la derniere fille de Bob Marley

Quelques semaines plus tard Yvette Crichton met au monde Makeda Jahnesta Marley, sa dernière fille. L’anniversaire de son décès devient un jour férié en Jamaïque, où plusieurs timbres seront créés à son effigie. Il laisse douze ou treize enfants d’une dizaine de femmes différentes, des dizaines de millions de dollars, mais pas de testament.

La maison des quartiers chics qu’il avait rachetée à Chris Blackwell au 56 Hope road devient le musée Bob Marley. En 1981 la compilation « Chances Are » (WEA) présente des enregistrements de 1968 et 1971 retravaillés et remixés sans le concours de Marley. Le résultat est très critiqué. En 1983 sort la compilation d’inédits « Confrontation » (Island) contenant un nouveau succès mondial. Le Best Of Legend sort en 1984 et représente depuis l’un des albums reggae les plus vendus.

Discographie

  • The Wailing Wailers at Studio One
  • Soul Rebels
  • Soul Revolution
  • The best of the Wailers
  • Catch a fire
  • Burnin’
  • Natty Dread
  • Rastaman Vibration
  • Exodus
  • Kaya
  • Survival
  • Uprising
  • Confrontation

Album Live

  • Live!
  • Babylon by Bus
  • Talkin’ Blues
  • Live at the Roxy
  • Live Forever
  • Uprising Live !
  • Easy Skanking in Boston 78
  • Live at The Record Plant ’73
  • Live ’73 Paul’s Mall Boston, MA

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