Toots and the Maytals : biographie et discographie du groupe

Toots and the Maytals, anciennement connu sous le nom de The Maytals, est un groupe vocal légendaire issu de la Jamaïque, pionnier du ska, du rocksteady et du reggae.

Formé au début des années 1960, le groupe a joué un rôle clé dans la diffusion et la reconnaissance mondiale du reggae. Leur son unique fusionne habilement le gospel, le ska, la soul, le reggae et des touches de rock, créant un style musical inimitable.

Le chanteur emblématique Toots Hibbert, souvent comparé à Otis Redding pour sa voix puissante et pleine d’âme, a été salué parmi les 100 plus grands chanteurs par le magazine Rolling Stone.

En 1968, leur titre « Do the Reggay » a marqué l’histoire en étant la première chanson à utiliser le terme « reggae », offrant ainsi un nom à ce genre musical révolutionnaire et le présentant au grand public.

L’histoire du groupe

Les débuts

Frederick « Toots » Hibbert, le charismatique leader du groupe, voit le jour en 1945 à May Pen, dans la paroisse de Clarendon, en Jamaïque.

Dernier né d’une fratrie de sept enfants, il se plonge dès son plus jeune âge dans la musique gospel, chantant avec passion dans la chorale de l’église.

À la fin des années 1950, il quitte sa ville natale pour s’installer à Kingston, où il fait la rencontre de Henry « Raleigh » Gordon et Nathaniel « Jerry » Mathias.

Ensemble, ils fondent un groupe vocal en 1962. Cependant, leurs premiers enregistrements ont été injustement crédités aux noms de « The Flames » et « The Vikings » au Royaume-Uni, en raison d’une erreur du label Island Records.

Les années 60

Le groupe enregistre son premier album, I’ll Never Grow Old, sous la direction du producteur Clement Coxsone Dodd, au légendaire Studio One.

Soutenus par les musiciens de The Skatalites, l’harmonie vocale des Maytals, empreinte de gospel, leur assure rapidement un succès fulgurant, éclipsant même The Wailers, l’autre groupe vocal phare de Dodd à l’époque.

Après environ deux ans passés chez Studio One, ils décident de changer de studio et travaillent brièvement avec Prince Buster avant de collaborer avec Byron Lee en 1966.

Sous la houlette de Byron Lee, The Maytals remportent leur premier grand concours de chanson populaire au Festival de l’Indépendance de la Jamaïque, grâce à leur titre emblématique Bam Bam (qui sera plus tard revisité en style dancehall par Sister Nancy et Yellowman en 1982).

Suite des années 60

Cependant, la carrière du groupe connaît un coup d’arrêt à la fin de 1966, lorsque Toots Hibbert est emprisonné pour une période de 18 mois, accusé à tort de possession de marijuana. Hibbert affirme qu’il a été arrêté alors qu’il tentait de payer la caution d’un ami, et non pour possession de cannabis. Cette expérience derrière les barreaux inspire son célèbre morceau 54-46 That’s My Number, un hit en Jamaïque et en Angleterre, faisant écho à son passage en prison.

À sa sortie en 1967, The Maytals entament une collaboration fructueuse avec le producteur sino-jamaïcain Leslie Kong, qui leur offre une série de tubes à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Parmi ces succès figure le morceau Do the Reggay, sorti en 1968, qui marquera l’histoire en étant la première chanson à employer le mot « reggae », donnant ainsi un nom au genre musical en plein essor.

The Maytals ont marqué l’histoire du reggae avec certains des plus grands classiques du genre, tels que Pressure Drop, Sweet and Dandy et l’incontournable 54-46 (That’s My Number). Ce dernier titre a d’ailleurs remporté le prestigieux concours de chanson populaire lors du Festival de l’Indépendance de la Jamaïque en 1969, confirmant leur statut de légendes vivantes de la musique jamaïcaine.

Les années 1970

En 1970, Monkey Man devient le premier grand succès international de The Maytals. Un an plus tard, en 1971, le groupe signe un contrat d’enregistrement avec le label Island Records de Chris Blackwell, ayant déjà acquis le statut de plus grand groupe de Jamaïque et s’imposant sur la scène internationale.

En 1972, ils remportent pour la troisième fois le prestigieux concours de chanson populaire du Festival de l’Indépendance de la Jamaïque avec le titre Pomps and Pride. La même année, leurs chansons apparaissent deux fois sur la bande originale du film The Harder They Come, avec Jimmy Cliff en tête d’affiche. Ce disque est aujourd’hui classé parmi les dix meilleures bandes originales de tous les temps selon le magazine Vanity Fair.

Après la mort de leur producteur Leslie Kong en 1971, le groupe poursuit son chemin musical aux côtés de Warrick Lyn, ancien ingénieur du son de Kong. Ils renouent également avec Byron Lee, qui les renomme officiellement Toots & The Maytals.

Ensemble, ils produisent trois albums à succès sous la direction de Lyn et Chris Blackwell. Le groupe gagne une reconnaissance internationale avec Funky Kingston en 1973 et Reggae Got Soul en 1975. Funky Kingston est leur premier album distribué par Island Records, et le critique Lester Bangs le qualifie de « perfection, la collection la plus passionnante et diversifiée de chansons reggae d’un artiste ».

Chris Blackwell, très attaché au groupe, a déclaré : « Je connais Toots depuis plus longtemps que n’importe qui, bien avant Bob Marley. Toots est l’une des personnes les plus pures que j’ai jamais rencontrées, presque à l’excès. »

La suite du succès

Suite au succès de Reggae Got Soul, Toots & The Maytals assurent la première partie de la tournée nord-américaine de The Who en 1975-1976. Le 1er octobre 1975, leur concert au Roxy Theatre de Los Angeles est retransmis en direct sur la station KMET-FM. Cet enregistrement a ensuite été commercialisé sous la forme d’un album intitulé Sailin’ On, publié par Klondike Records.

Leurs compositions retrouvent une nouvelle popularité entre 1978 et 1980, durant l’essor du reggae punk et ska en Grande-Bretagne. The Specials reprennent Monkey Man sur leur premier album en 1979, tandis que The Clash s’approprie le classique Pressure Drop. Toots & The Maytals sont également mentionnés dans les paroles de Punky Reggae Party de Bob Marley & The Wailers : « The Wailers will be there, The Damned, The Jam, The Clash, The Maytals will be there, Dr Feelgood too. »

Les années 80/90 et 2000

Le 29 septembre 1980, Toots & The Maytals tentent d’établir un record en enregistrant, pressant et distribuant leur album Toots Live en seulement 24 heures. Le concert est rapidement mixé, la pochette créée, et l’album finalisé et livré à Coventry où le groupe jouait le lendemain. Cependant, en raison d’une omission administrative, le record ne fut pas validé par le Livre Guinness des records.

Malgré cela, Toots & The Maytals ont marqué l’histoire avec des performances marquantes et des succès internationaux, notamment avec leur tube Beautiful Woman en 1982. Après la séparation du groupe en 1981, Toots Hibbert poursuivit une carrière solo. Au début des années 1990, The Maytals se reforment et continuent à tourner avec succès, participant notamment au Reggae Sunsplash.

En 2004, l’album True Love voit le groupe collaborer avec des artistes tels que Willie Nelson, Eric Clapton, et Gwen Stefani, et remporte un Grammy Award. Ils participent également à un album hommage à Radiohead en 2006 avec une version reggae de Let Down. En 2007, Light Your Light est publié, avec des réarrangements et des nouveaux morceaux, et est nommé aux Grammy Awards en 2008.

Toots & The Maytals détiennent le record du plus grand nombre de titres numéro un en Jamaïque, avec 31 tubes. En 2009, ils devaient se produire avec Amy Winehouse pour les 50 ans d’Island Records, mais le concert fut annulé, et le groupe joua à Bush Hall devant un public intime.

La Fin d’une Légende : L’héritage de Toots Hibbert

En 2011, le groupe apparaît dans le documentaire Reggae Got Soul: The Story of Toots and the Maytals, produit par la BBC, qui explore l’influence majeure de Toots sur la scène musicale jamaïcaine. Le documentaire met en avant des artistes de renom tels que Marcia Griffiths, Jimmy Cliff, Eric Clapton et Ziggy Marley.

En 2012, Toots est nommé pour un Grammy grâce à son album live Unplugged on Strawberry Hill. Cependant, en 2013, lors d’un concert en Virginie, Hibbert est blessé par une bouteille jetée sur scène, entraînant l’annulation de ses performances futures par crainte pour sa sécurité.

En 2015, 54-46 Was My Number est classée par Vogue parmi les 15 chansons reggae roots incontournables. La même année, Sean Paul cite Toots & The Maytals comme source d’inspiration pour leur longévité musicale. En 2016, après une pause de trois ans, le groupe annonce son retour sur scène.

En 2017, Toots & The Maytals deviennent le deuxième groupe de reggae à jouer à Coachella, après Chronixx. Ils se produisent également au Festival de Glastonbury la même année, bien qu’un retard sur scène ait entraîné un décalage du programme.

En 2018, ils rendent hommage à Bob Marley avec la chanson Marley, jouée pour la première fois dans The Tonight Show Starring Jimmy Fallon. La même année, ils se produisent lors de l’événement Rolling Stone Relaunch, célébrant le partenariat entre Rolling Stone et YouTube Music.

En août 2020, Toots Hibbert est hospitalisé pour des complications respiratoires, possiblement liées à la COVID-19. Il décède le 11 septembre 2020, peu après la sortie de l’album Got to be Tough, marquant la fin d’une ère légendaire pour le groupe.

Discographie

* I’ll Never Grow Old (R&B 1964)
* The Sensational Maytals (Dynamic 1965)
* Sweet And Dandy (Beverleys 1968)
* From the Roots (Trojan 1970)
* Monkey Man (Trojan 1970)
* The Maytals Greatest Hits (Beverleys 1971)
* Slatyam Stoot (Dynamic 1972)
* Funky Kingston (Mango 1973)
* In the Dark (Trojan 1974)
* Original Golden Oldies Vol.3 (Prince Buster 1974)
* Roots Reggae (Dynamic Sounds 1974)
* Reggae Got Soul (Mango 1976)
* Toots Presents the Maytals (Chin Randy’s 1977)
* Pass the Pipe (ILPS 1979)
* Pressure Drop (Best of) (Trojan 1979)
* Just Like That (ILPS 1980)
* Toots « Live » (ILPS 1980)
* Dance The Ska Vol. II (EMI 1980)
* Knock Out! (Mango 1981)
* « Live » at Reggae Sunsplash (Sunsplash Record 1983)
* Reggae Greats (Mango 1984)
* Toots In Memphis (Mango 1988)
* Do The Reggae 1966-70 (Attack 1988)
* An Hour Live (Genes 1990)
* Life Could Be a Dream (Studio One 1992)
* Bla.Bla.Bla. (Esoldun 1993)
* Don’t Trouble (Reggae Best 1995)
* Experience (Ezperience 1995)
* Roots Reggae (Rhino 1995)
* Time Tough: The Anthology (Island 1996)
* Recoup (Alla Son 1997)
* The Very Best Of Toots And The Maytals (Music Club 1997)
* That’s My Number (Orange Street 1998)
* Ska Father (Artista Only! 1998)
* Live in London (Trojan 1999)
* Jamaican Monkey Man (Trojan 1999)
* Monkey Man / From the Roots (Trojan 1999)
* Ska to Reggae (The Sensational Maytals / Slatyam Stoot) (Rhino 1999)
* The Originals (Charly 1999)
* 20 Massive Hits (Metro 2000)
* The Very Best of (Island 2000)
* Broadway Jungle: The Best of Toots and the Maytals 1968-1973 (Trojan 2001)
* The Millenium Collection (MCA 2001)
* The Maytals (Dressed To Kill 2001)
* 54-46 Was My Number: Anthology 1968-2000 (Sanctuary/Trojan 2001)
* Fever (Dressed To Kill 2001)
* Reggae Collection (Universal/Spectrum 2002)
* World is Turning (D&F Records 2003)
* Funky Kingston / In the Dark (Deluxe Pack) (Def Jam 2003)
* Monkey Man (Trojan 2003)
* Sweet and Dandy (Trojan 2003)
* From the Roots (remastered) (Sanctuary/Trojan 2003)
* True Love (V2 / BMG 2004)
* Toots « Live » (Remastered w/bonus tracks) (Island 2004)
* Rhythm Kings (Delta 2005)
* Pressure Drop – The Definitive Collection (Sanctuary/Trojan 2005)
* Roots Reggae (The Classic Jamaican Albums) (Trojan 2005), coffret 6 CD
* World Is Turning (XIII Bis 2005)
* Light Your Light (Concord 2007)
* Adieu Haiti duo avec Raphaël_(chanteur) 2008

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